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Image du métier Les agriculteurs sont leurs meilleurs avocats

Assemblée générale d’Agriculteurs de Bretagne ce 27 mars 2018 à Carhaix (Finistère), avec Francis Wolff (à gauche), philosophe, Danièle Even, éleveuse et présidente d’Agriculteurs de Bretagne, et Yves Fantou, président d’Interbev de Bretagne. © M.-G. Miossec

L’association Agriculteurs de Bretagne réaffirme qu’il n’y a pas de meilleur communicant sur leur métier que les agriculteurs. Preuves et initiatives à l’appui.

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Agriculteurs de Bretagne, association créée en 2012 sur les quatre départements bretons, pour valoriser l’image de l’agriculture, a fait des émules… aux Pays-Bas. Mais finalement ce n’est qu’un prêté pour un rendu. Car lors de l’assemblée générale de l’an passé une conseillère agricole néerlandaise était venue exposer l’initiative des éleveurs de son pays.

Sur les réseaux sociaux

Toutes les semaines, l’un d’entre eux présente son quotidien sur les réseaux sociaux. Et cet exemple a fait mouche dans la jeune association bretonne qui tenait son assemblée générale à Carhaix (Finistère) le mardi 27 mars 2018. Depuis cet été, des agriculteurs témoins racontent à tour de rôle leur quotidien sur la page Facebook et le fil Twitter avec #AGRIBRETAGNE !

Et le spécialiste des réseaux sociaux salarié d’Agriculteurs de Bretagne les appuie techniquement pour leurs premiers pas. Car la philosophie de l’association n’a pas changé : ce sont les agriculteurs et les acteurs de la filière agricole qui en parlent le mieux. Comme en témoigne Anne Marie Kerbrat, maraîchère.

« Quand une de nos salariées m’a expliqué qu’elle ne mangerait pas de nos tomates, je me suis dit qu’il fallait bouger », rapporte-t-elle. Elle a participé comme 21 autres exploitations bretonnes à l’opération « Tous à la ferme » l’an passé, portes ouvertes accompagnées par l’association pour la signalétique et l’organisation.

Communiquer sur toute la filière

20 000 visiteurs se sont déplacés en 2017. Cette année, ces portes ouvertes se feront non seulement dans les fermes mais aussi dans les entreprises agroalimentaires et de nutrition, la filière de la viande, les plateformes de chambres d’agriculture. Le tout réuni sous le label « Breizh agri Food » se tiendra au mois de juin.

C’est ce modèle d’organisation de la communication vers les consommateurs sur toute la filière qui a séduit les Néerlandais. Car en dehors des portes ouvertes et de la présence sur les réseaux sociaux, l’association a aussi mis en relation des élèves de 9 établissements d’enseignement agricole et de 7 établissements hôteliers, un échange entre jeunes de la fourche à la fourchette.

Et elle est toujours présente sur des événements festifs comme Les Vieilles Charrues mais aussi les rassemblements autour de l’agriculture et même les matchs de foot de Rennes. L’association dispose de quatre salariés pour mettre tout cela en musique et d’un budget de 391 000 euros financé en grande partie par les 114 entreprises partenaires.

La remise en cause des associations abolitionnistes

Mais l’agriculture bretonne n’échappe pas à la remise en cause des associations abolitionnistes. Pour contrer les arguments de ceux qui veulent la fin de l’élevage, l’association a invité Francis Wolff, philosophe et auteur du livre « Trois utopies contemporaines » (1), à répondre à la question : l’utopie animaliste, effet de mode ou changement de civilisation ?

Le philosophe a rappelé que ce mouvement devait beaucoup à une profonde méconnaissance de l’animal. « Les animaux sont vus comme un sous-prolétariat exploité. L’animal est la victime absolue. Et l’homme a le mauvais rôle. La disparition du religieux, le développement des neurosciences ont brouillé les frontières entre l’homme et l’animal. »

Dénoncer les confusions

« Et on oublie que la nature n’est pas seulement un monde de fées, poursuit-il. Il y a des prédateurs et des proies. Les animaux aussi se nourrissent du vivant. La vie se nourrit de la vie. » Francis Wolff dénonce aussi la confusion entre animalisme et écologie. « L’écologie réclame un équilibre entre les espèces, pas leur disparition. L’animalisme ne s’occupe pas d’équilibre mais des individus. Ils veulent évacuer la souffrance et la mort. Or la mort est nécessaire au renouvellement de l’écosystème. »

Francis Wolff encourage les éleveurs à s’emparer toujours plus de la bien-traitance : « Aujourd’hui, concernant les règles du bien-être animal, c’est la réalisation des exigences biologiques de chaque espèce qui pose le plus de questions. Ne vous attardez pas à débattre avec les abolitionnistes. Le véganisme ne durera peut-être pas. En revanche, ce qui change et va progresser encore, c’est l’intolérance aux signes extérieurs de la souffrance animale. »

Marie-Gabrielle Miossec

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